Procès Hardeman Contre Monsanto : un juge biaisé ?

  28 février 2019

Le 2ème procès américain d’un utilisateur de Roundup atteint de lymphome non hodgkinien vient de commencer (lundi 25/2) à la cour fédérale de San Francisco. Six mois après qu’un jury californien ait jugé que les herbicides à base de glyphosate de Monsanto avaient causé le cancer d’un jardinier, un autre jury californien se prépare à entendre des arguments similaires.

Mr. Edwin Hardeman, 70 ans, est un paysagiste qui a utilisé des produits Roundup depuis 1986 dans sa propriété d’une vingtaine d’hectares dans le comté de Sonoma en Californie. Il est diagnostiqué d’un lymphome en février 2015, un mois avant l’annonce par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) du caractère probablement cancérogène pour l’homme du glyphosate. Faisant alors le lien entre sa maladie et son utilisation de Roundup, il porte plainte en février 2016 contre Monsanto et John Does 1-50.

Son procès a été regroupé avec des centaines d’autres plaintes dans le litige multi district 3:16-md-02741-VC, sous la présidence du juge Vince Chhabria. Le cas Hardeman est le premier à être jugé et est considéré un « bellwether case », une affaire indicatrice de tendance pour les autres affaires de ce litige multi-district. Et des inquiétudes se font jour quant à la manière du juge fédéral de mener ce procès.

Déjà en janvier, le juge Chhabria avait rejeté les arguments des avocats des victimes et s’était rangé du côté de Monsanto en décidant d’empêcher les jurés d’entendre, dans une première phase du procès, une grande partie des éléments qui, selon les plaignants, montrent les efforts déployés par Monsanto pour manipuler et influencer les organismes de réglementation. En décidant de « bifurquer » le procès, M. Chhabria a déclaré que les jurés n’entendront ces éléments dans une deuxième phase que s’ils ont d’abord été convaincus que l’herbicide de Monsanto a contribué de manière significative à causer le lymphome non hodgkinien (LNH) du plaignant.

Dès le début du procès et les déclarations préliminaires de Mme Aimee Wagstaff, avocate de Mr. Hardeman, le juge Chhabria a fait montre de beaucoup d’hostilité vis-à-vis de Mme Wagstaff et de très peu d’empathie pour le plaignant. Il a estimé que l’avocate avait délibérément choisi d’introduire dans son allocution préliminaire nombre d’éléments qui n’auraient pas dû être présentés au jurés dans la première phase du procès, l’interrompant à de nombreuses reprises et décidant de lui infliger une amende de 500$, qu’il pourra décider d’étendre à toute l’équipe des avocats du plaignants.

La cour a ensuite entendu deux témoins de la défense : Mme Beate Ritz, médecin et chercheuse en épidémiologie à l’UCLA, puis, par vidéoconférence, le Dr. Chris Portier, un expert reconnu internationalement dans la conception, l’analyse et l’interprétation des données sur la santé environnementale. Ses sujets de recherche comprennent la biologie du cancer, l’évaluation des risques, l’immunologie, etc. et à ce titre il fut impliqué dans l’analyse du CIRC.

Les auditions reprennent le vendredi 1er mars.