Premier procès de victimes du Roundup de Monsanto : 1ères auditions

  19 juillet 2018

19/07/2018 : Les auditions du premier procès d’une victime du Roundup de Monsanto, Dewayne Johnson, ont commencé le 9 juillet, par les déclarations préliminaires des avocats, puis les questions aux experts, en particulier au Dr. Christopher Portier, appelé par le plaignant.
L’avocat américain Robert F. Kennedy, Jr. (photo) rend compte de ces auditions, publiées par notre partenaire Organic Consumers Association.

Procès Monsanto : Un toxicologue explique aux jurés comment Monsanto a conspiré avec l’Agence Américaine pour l’Environnement (EPA)

Merci à Robert F. Kennedy, Jr. d’avoir envoyé un résumé des 4ème et 5ème journées au tribunal dans le procès Dewayne Johnson contre Monsanto. Les procédures ont commencé à la Cour supérieure de San Francisco le 9 juillet dernier. Le plaignant, Dewayne Johnson, un ancien gardien d’école de 46 ans qui a été diagnostiqué d’un lymphome non hodgkinien il y a quatre ans, estime que Monsanto a volontairement dissimulé des preuves que l’ingrédient actif de l’herbicide Roundup, le glyphosate, a causé son cancer. Il s’agit de la première affaire à faire l’objet d’un procès parmi des centaines de poursuites judiciaires alléguant que le Roundup a causé un lymphome non hodgkinien chez des utilisateurs du produit. Le procès devrait durer environ un mois.

Tout au long du lundi après-midi et du mardi matin, 16 et 17 juillet, l’avocat de Monsanto, Kirby Griffiths, a poursuivi son embuscade du toxicologue appelé par le plaignant, Dr. Christopher Portier, et cherché à déceler les faiblesses de l’évaluation de Portier selon laquelle le glyphosate et le Roundup sont des carcinogènes humains. Le Dr. Portier n’a rien cédé ; les études évaluant la cancérogénicité du glyphosate ont été correctement effectuées, examinées et interprétées par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui a déterminé que « le glyphosate est un cancérogène humain probable », a-t-il dit. Voir Griffiths essayer de s’agripper au Dr. Portier, c’était comme si quelqu’un essayait de grimper à un poteau plein de graisse. Griffiths n’a jamais pu lever les pieds du sol.

Après le contre-interrogatoire de Griffiths, l’avocat Brent Wisner du cabinet Baum Hedlund Law, pour Dewayne Johnson, a interrogé à son tour le Dr. Portier et les jurés ont entendu la première mention de Jess Rowland, le chef corrompu du bureau des programmes sur les pesticides du ministère américain de l’environnement(EPA). Rowland a orchestré l’exonération du Roundup, principalement sur la base d’études fournies ou écrites par Monsanto et son armée de rédacteurs (après que le Dr. Portier se soit retiré, nous avons entendu d’autres témoignages enregistrés sur vidéo d’un employé de Monsanto, le Dr. William Heydens, qui admettait qu’il avait recommandé de faire écrire l’étude clé de l’EPA, puis l’avait éditée lui-même).

Dans le cadre des questions de Wisner, le Dr. Portier a dressé l’inventaire des lacunes fondamentales des études de l’EPA sur les liens entre le glyphosate et le lymphome non hodgkinien. Il a montré comment l’EPA, sous l’influence de Monsanto, a choisi délibérément les études favorables au glyphosate pour soutenir sa décision en faveur de la compagnie agrochimique. Wisner a conclu son interrogatoire avec Portier en dénonçant l’étude Andreotti (2018) comme étant fatalement biaisée. Cette étude, l’épine dorsale du cas de Monsanto, a conclu, dans le plus pur style trumpien, que le glyphosate en fait protège les humains contre le lymphome non hodgkinien. Portier a démontré que les données brutes enfouies dans cette étude montraient un risque élevé statistiquement significatif de lymphomes à cellules T, le type exact de cancer diagnostiqué chez le plaignant.

La principale faiblesse de cette affaire est la conclusion de Jess Rowland de l’EPA et de son bureau des programmes sur les pesticides selon laquelle le glyphosate n’est pas cancérogène pour l’homme. Le jury n’apprendra jamais que dans les années 1980, l’EPA elle-même avait conclu que le glyphosate était cancérigène. Monsanto avait alors réagi en s’engageant dans une série de contacts avec l’EPA afin d’intimider l’agence pour qu’elle retire ces conclusions dommageables.

Des documents internes montrent en particulier que Monsanto a recruté et rémunéré un scientifique qui a réexaminé les données de l’EPA sur des souris et affirmé qu’une étude clé sur ces souris montrant la cancérogénicité du glyphosate n’a pas tenu compte d’une tumeur non déclarée chez une souris non exposée du groupe témoin. Il s’avère que les documents de Monsanto montrent que le pathologiste mercenaire de l’entreprise avait accepté de « trouver » le cancer insaisissable avant même d’avoir vu les données. Malgré le refus de scientifiques internes de l’EPA d’obtempérer sous la pression de Monsanto, la compagnie a accumulé les présentations avec ses agents, ce qui a conduit à la reclassification par l’EPA du Roundup comme non cancérigène.

Malgré cette histoire sordide, prouver que la détermination de l’EPA fut enracinée dans la corruption est délicat pour le plaignant et une source continue de frustration pour ses avocats. Diverses décisions de la cour leur interdisent de mentionner les preuves historiques accablantes de corruption généralisée et omniprésente au bureau des programmes sur les pesticides de l’EPA. Une autre décision leur interdit également de mentionner la décision de l’agence pour l’environnement de la Californie que le Roundup est cancérigène.