UE: Le déni de la Commissaire Kyriakides sur le glyphosate

  26 janvier 2023

Le 9 janvier, la Commissaire européenne à la Santé, Madame Stella Kyriakides a répondu à la lettre que nous lui avions adressée avec 28 associations pour demander l’interdiction immédiate du glyphosate dans l’ensemble des pays membres. Selon elle, “un processus complet et rigoureux entoure l’approbation du glyphosate afin que la prise de décision soit basée sur des données scientifiques solides et fiables”.

Le glyphosate est une molécule commercialisée depuis 1974 par Monsanto (entreprise rachetée par Bayer en 2018). Cette substance active herbicide utilisée dans les zones agricoles, forestières et non agricoles devient rapidement la plus consommée dans le monde. Depuis 2000, date à laquelle le brevet américain de Monsanto est arrivé à expiration, l’utilisation de la molécule de glyphosate n’a cessé d’augmenter. Près de 9 millions de tonnes de la substance active auraient été écoulés entre 1974 et 2014.

Depuis sa commercialisation, de nombreuses études révèlent sa toxicité mais ce n’est qu’en 2015, que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) des Nations Unies, classe le glyphosate comme « cancérogène probable pour l’homme ».

Cette annonce avait conduit la Commission européenne à réduire en 2017 le renouvellement de son approbation à 5 ans, soit jusqu’au 15 décembre 2022, au lieu des 10 années initialement prévues. Toutefois, l’autorisation provisoire du glyphosate a finalement été prolongée pour une année supplémentaire, jusqu’au 15 décembre 2023, en raison du retard pris par l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) dans l’évaluation des risques dont elle a la charge. L’agence avait en effet reçu un grand nombre de commentaires critiques de la part de la société civile et des Etats membres sur le rapport d’expertise préliminaire.

Le 30 mai 2022, l’Agence européenne des produits chimiques (EChA), chargée de l’évaluation des dangers intrinsèques d’une substance, avait quant à elle validé le renouvellement de son approbation, estimant que l’herbicide controversé ne présentait pas de danger majeur pour la santé.

Elle justifie l’autorisation provisoire par “la quantité d’informations à évaluer [qui] est beaucoup plus importante que pour d’autres substances actives”. Néanmoins, parmi ces quantités d’informations, les études provenant des industriels eux-mêmes et du groupe de soutien au renouvellement au glyphosate (GRG) sont privilégiées au détriment des études académiques, publiques et indépendantes sur le sujet.

Selon nous, l’autorisation du glyphosate tient aux nombreuses lacunes décelées au niveau déontologique dans la gestion des conflits d’intérêts et de la sélection des études pertinentes. La toxicité de la substance rend ainsi son autorisation contraire au règlement N°1107/2009 concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques, qui vise à garantir un niveau élevé de protection de la santé humaine et animale et de l’environnement.

Ainsi, la Commissaire reste dans le déni des preuves qui s’accumulent sur la toxicité du glyphosate, en se retranchant derrière la procédure d’autorisation de mise sur le marché des pesticides qui ne cesse de montrer ses limites. 

Une position qui semble encore bien difficile à défendre alors que notre base de données accumule les affaires concluant à un lien de causalité entre les cancers de plaignant et leur exposition au glyphosate, notamment dans l’affaire Hardeman Contre Monsanto.

#BanGlyphosateCoalition