< Retour aux actualités CIEL : Des microplastiques dans les produits agrochimiques 13 juin 2022 L’agriculture est largement contaminée par la pollution plastique, notamment par la présence de plastiques dans des films de serre ou encore dans les emballages de produits. Au-delà de cette pollution déjà bien connue, notre partenaire CIEL (Center for International Environmental Law) dénonce une nouvelle source de pollution par les plastiques dans son rapport Sowing a Plastic Planet: How Microplastics in Agrochemicals Are Affecting Our Soils, Our Food, and Our Future (Semer une planète plastique : comment les microplastiques dans les produits agrochimiques affectent nos sols, nos aliments et notre avenir), publié le 23 mai 2022. Il traite de la présence de microplastiques dans les produits agrochimiques : l’industrie agrochimique produit des engrais et pesticides synthétiques enrobés de plastiques, qui sont répandus sur les sols et les cultures. L’omniprésence des microplastiques et leurs conséquences sur la santé environnementale et humaine sont bien connues. En revanche, leur introduction délibérée dans la composition des produits agrochimiques est méconnue du public, alors même qu’elle représente l’une des sources prépondérantes de pollution par les microplastiques. L’encapsulation des produits est défendue par l’industrie agrochimique comme étant un moyen d’action efficace et durable, permettant de contrôler la dispersion des pesticides sur les cultures. En fait, l’accélération de l’extraction et du traitement des combustibles fossiles depuis des décennies a poussé les industriels à tirer profit de leurs déchets et sous-produits. Ils ont alors encouragé la production de plastiques, engrais et pesticides à base de pétrole. Les incitations économiques ont conduit à la surproduction et à la surutilisation de plastiques et de produits agrochimiques. CIEL dénonce les effets néfastes de la pratique de l’ajout de plastique aux produits agrochimiques, se cumulant avec les conséquences graves de l’utilisation de produits à base de combustibles fossiles. Le rapport décrit les conséquences de cette « triade toxique », formée par les produits agrochimiques eux-mêmes, les plastiques et les combustibles fossiles utilisés pour les fabriquer. L’encapsulation des produits agrochimiques ne fait qu’aggraver les risques importants que posent les engrais et pesticides, et exacerber leurs effets néfastes. Elle alimente une forte pollution chimique, contribue au réchauffement climatique, participe à la perte de biodiversité, dégrade la santé humaine et bafoue les droits humains des populations, qui sont toutes menacées. Pour CIEL, il est indispensable de faire cesser l’utilisation intentionnelle de microplastiques en prévoyant des restrictions exhaustives, tant d’un point de vue géographique que sectoriel. Il est également indispensable de faire des recherches plus poussées sur les méfaits de cette pratique et d’imposer à l’industrie des exigences de transparence notamment au sujet de l’étendue de l’utilisation de la technique ou encore de la composition chimique des produits, dans l’attente de son interdiction. Il revient aux gouvernements de collecter des données sur l’utilisation de ces plastiques dans l’agriculture et sur ce que deviennent les résidus une fois libérés. Le rapport recommande aussi de fixer des objectifs de réduction d’utilisation des engrais et pesticides pour réduire la dépendance à l’industrie chimique et fossile, et mener à un retrait total de ces produits au profit de modèles agricoles durables. Alors que les États membres de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement se sont accordés lors de leur cinquième session (UNEA-5.2, 2022) à adopter une approche globale de la réglementation des plastiques, dont l’objectif est d’aborder la problématique de la pollution engendrée tout au long du cycle de vie, allant de l’extraction des combustibles fossiles jusqu’au traitement des plastiques en fin de vie, en passant par leur transport, le rapport de CIEL alerte sur la menace sous-estimée des microplastiques agricoles, et soutient qu’un changement de cap rapide est non seulement indispensable, mais aussi réalisable ! Communiqué de CIEL. Lire le rapport.