Litige multidistrict contre Monsanto : 2ème jour d’auditions

  6 mars 2018

Carey Gillam, directrice de recherche à l’association américaine US Right To Know (USRTK), et membre du conseil d’administration de Justice Pesticides, assiste aux audiences et rapporte en direct sur https://usrtk.org/live-updates-monsanto-hearing/

06.03.2018 : En ce deuxième jour d’auditions, Dennis Weisenburger est revenu à la barre afin d’être contre-interrogé par les avocats de Monsanto suite à son audition en tant que témoin expert des plaignants du 5 mars après-midi.

Carey Gillam rapporte : Chaque partie prétend qu’elle a la science de son côté : « La question dont la Cour est saisie porte entièrement sur la science », ont écrit les avocats de Monsanto dans un dossier préalable à l’audience. « La science en question est constituée d’études et de données réelles, pas de conjectures et de spéculations. » Monsanto soutient que la preuve des demandeurs est « jonchée de courriels, de notes de service et d’autres documents internes de Monsanto soigneusement sélectionnés et hors contexte qui, selon les allégations des demandeurs dans leur exposé, montrent une prétendue rédaction fantôme d’articles de synthèse (pas d’études originales) ou une conduite de la compagnie prétendument inappropriée.

Les plaignants s’opposent à cet argument : »La méthodologie appliquée par les experts de Monsanto ne repose pas sur une science solide, mais plutôt sur la question de savoir si les preuves en cause sont favorables ou défavorables à la position de Monsanto. Lorsque la preuve est favorable, elle fait l’objet d’un examen minutieux et les experts de Monsanto ne parviennent souvent pas à déceler les défauts ou les lacunes. Pourtant, lorsque les preuves démontrent un lien de cause à effet entre l’exposition aux formulations à base de glyphosate (GBF) et le lymphome non hodgkinien (LNH), les experts de Monsanto enquêtent, ce qui les amène constamment à ignorer les preuves positives dans leur intégralité. Les incohérences ou les éléments de preuve controversés n’influencent pas cette approche. Plutôt, lorsqu’ils sont confrontés à des preuves positives fiables de causalité, les experts de Monsanto mettent au point des méthodes novatrices pour écarter les résultats, y compris la fabrication de nouvelles théories ou de nouveaux faits. »

La liste initiale des pièces présentées par les demandeurs s’élevaient à 252 pièces, tandis que celle de Monsanto comptait plus de 1 000 pièces.

L’un des nombreux points de désaccord dans la présentation des preuves a été l’opposition farouche de Monsanto à l’utilisation potentielle d’environ 1 500 pages de données provenant d’une étude controversée menée chez la souris en 1983, que les scientifiques de l’EPA avaient initialement considérée comme une preuve de la cancérogénicité potentielle du glyphosate. Monsanto a finalement réussi à convaincre l’EPA que son analyse était imparfaite et que l’étude n’apportait en fait aucune raison de s’inquiéter.

Les demandeurs ont tenté de puiser dans les données de cette étude, ce à quoi Monsanto s’est opposé. « Les centaines de pages de données brutes que les demandeurs cherchent à faire retirer de la liste sont considérées confidentielles, » a écrit Monsanto alors que les demandeurs souhaitaient discuter de cette étude lors des audiences de cette semaine.

L’une des questions que les experts doivent aborder pour le juge Chhabria a trait aux études qui établissent des liens entre l’exposition au glyphosate et au LNH, mais qui ne tiennent pas compte de l’exposition à d’autres pesticides. Le juge a déclaré à plusieurs reprises qu’il considère cela comme une préoccupation et souhaite une meilleure compréhension de la question à mesure que l’audience progresse. « Cela continue d’être un problème pour moi », a-t-il dit peu de temps avant la fin du procès de lundi.

Le juge a également averti les avocats qu’il est important de comprendre la question de la « subjectivité » dans les recherches épidémiologiques et la façon dont cela pourrait influer sur les conclusions.

Suite au témoignage de Weisenburger, les plaignants ont l’intention de présenter le témoignage d’Alfred Neugut puis de Charles « Bill » Jameson.

Jameson a participé en tant que membre du groupe de travail du Centre International de Recherche sur le Cancer et est membre de l’American Chemical Society et de la Society of Toxicology. Il est « reviewer » dans six revues scientifiques.

Ce fut un contre-interrogatoire difficile pour l’expert des plaignants Dennis Weisenburger, qui a été interrogé sur de nombreux points de son analyse par Kirby Griffis, avocat de Monsanto. Après avoir quitté la barre et pris un siège au premier rang près du public, il a exprimé son soulagement d’en avoir terminé « C’est comme aller en enfer et revenir. »