Rapport sur l’évaluation scandaleuse du glyphosate

  7 novembre 2017

06.11.2017 Générations Futures révèle dans un nouveau rapport comment les études montrant les effets négatifs du glyphosate ont souvent été rejetées de manière injustifiée (non scientifique) lors de l’évaluation.

Beaucoup a déjà été dit sur l’évaluation du glyphosate. Les Monsanto Papers, l’affaire des copiés/collés du dossier de l’industrie dans le Renewal Assesment Report (rapport d’évaluation des risques) montrent que l’analyse des données scientifiques disponibles dans le dossier a conduit à sous-estimer la dangerosité de cette molécule. Un précédent rapport traduit par Générations futures avait montré que les preuves de la cancérogénicité du glyphosate étaient disponibles dans le dossier d’évaluation.

Mais comment toutes ces études montrant la dangerosité du glyphosate sont-elles non seulement ignorées par l’industrie mais également rejetées par les agences lors de l’évaluation ? Les associations Générations Futures et PAN Europe ont voulu en savoir davantage. Elles ont recruté un consultant indépendant pour effectuer une analyse du rapport d’évaluation des risques du glyphosate afin de répondre à la question : « Comment les études montrant les effets négatifs du glyphosate (autant universitaires que produites par les firmes elles-mêmes) sont-elles rejetées lors de l’évaluation ? Les motifs de rejets sont-ils vraiment solides scientifiquement ? »

Les résultats de l’analyse des motifs de rejets des études montrant une toxicité du glyphosate sont atterrants : Tout d’abord le rapport d’évaluation des risques du glyphosate du glyphosate ne contient que 51% des études universitaires publiées qui devraient s’y trouver (c’est-à-dire 76) … dont seulement 24 ont été discutées de quelque façon que ce soit. De même de nombreuses études de l’industrie ne sont tout simplement pas évaluées, sans raison scientifique spécifique pour rejeter ou accepter leurs conclusions. Au total, 49 rejets de résultats de toxicité avec explication ont été étudiés et critiqués. Les motifs pour lesquels les effets de toxicité du glyphosate sont le plus souvent rejetés sont : l’utilisation contestable de données de contrôle historique, le déclassement arbitraire quasi systématique des études ne suivant pas les lignes directrices et les Bonnes Pratiques de Laboratoire à travers l’utilisation de la classification de Klimisch, la non prise en compte des effets sur certains organes, la non prise en compte des études ne montrant pas une relation dose/effet …

Cette recherche montre que sur 49 motifs de rejets ayant pu être expertisés, 45 l’ont été pour des raisons contestables ou très contestables scientifiquement.

Conclusions

Générations Futures estime que ce rejet constant et radical de conclusions d’études, le manque de nombreuses données importantes et l’absence d’évaluation de beaucoup d’autres conduisent à un manque de protection du public contre les dangers de ce pesticide. Il y a tout simplement trop de signes de toxicité en deçà de la dose supposée sans effet et trop de résultats n’ont pas été évalués.

Pour François Veillerette, l’évaluation du glyphosate n’a pas été faite de manière satisfaisante et il ne devrait donc pas être autorisé à nouveau. Générations Futures et PAN Europe espèrent que le gouvernement français prendra ces éléments en compte en décidant de ne pas voter pour le renouvellement de l’autorisation du glyphosate en Europe lors de la prochaine réunion du comité le 9 novembre prochain.