171e session de la FAO : Mettons fin aux alliances toxiques !

  5 décembre 2022

Alors que le Conseil de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) se réunit du 5 au 9 décembre pour sa 171e session, Justice Pesticides appelle l’agence à faire preuve d’un leadership audacieux en matière d’action climatique en annulant immédiatement son accord de deux ans avec CropLife International (CLI), l’association mondiale des plus grands fabricants de pesticides.

Dans une lettre adressée à la Directrice générale adjointe de la FAO, Beth Bechdol, et soumise aux dirigeants et aux membres du Conseil de l’Organisation, il a été demandé « plus de transparence et de responsabilité concernant la collaboration continue et approfondie de la FAO avec CLI », réitérant des demandes antérieures soutenues par la société civile et les peuples autochtones, les agriculteurs et les travailleurs agricoles, les syndicats, les scientifiques et les universitaires.

Une lettre d’intention signée entre la FAO et CropLife en octobre 2020 prévoyait d’explorer des collaborations dans de vastes domaines de travail. Les réactions négatives de 200 000 personnes de plus de 107 pays, de plus de 430 organisations de la société civile et de peuples autochtones, de près de 300 universitaires et scientifiques, de près de 50 groupes philanthropiques, ainsi que du Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, ont empêché la lettre d’intention de se transformer en un protocole d’accord plus formel. Cependant, la lettre d’intention, qui n’a pas de date d’expiration et n’a pas été soumise au nouveau processus de diligence raisonnable de la FAO pour les engagements du secteur privé, reste en place.

Les pesticides synthétiques sont dérivés de combustibles fossiles, détruisent la capacité du sol à capter le carbone, libèrent des gaz à effet de serre et, dans l’ensemble, rendent les systèmes agricoles plus vulnérables aux effets du changement climatique. Les pesticides jouent également un rôle majeur dans le taux alarmant d’extinction des espèces au niveau mondial, qui menace la base de la production alimentaire et du développement durable. On estime que l’utilisation et la toxicité des pesticides doivent être réduites de deux tiers pour mettre un terme à la perte catastrophique de biodiversité.

La société civile et les peuples autochtones, qui ont réclamé avec force des alternatives agroécologiques aux pesticides toxiques lors des négociations climatiques des COP et de la prochaine COP15 sur la biodiversité, estiment que la FAO a l’occasion de diriger l’élimination progressive du système alimentaire fondé sur les combustibles fossiles et l’utilisation de produits agrochimiques. « Nous appelons la FAO à donner la priorité à l’agroécologie menée par les populations en tant que solution innovante de résilience climatique, et à s’assurer que les stratégies climatiques et scientifiques ne donnent pas la priorité aux produits pesticides et engrais ni aux entités du secteur privé affiliées à des violations des droits de l’homme ou à la destruction de l’environnement », indique la lettre.

Cet appel renouvelé pour que la FAO mette fin à son accord avec l’industrie des pesticides intervient également deux jours après le 38e anniversaire de la tragédie du gaz de Bhopal en Inde, commémoré chaque année le 3 décembre comme la Journée mondiale sans pesticides.

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