< Retour aux actualités Un rapport qui dénonce l’impact sanitaire des pesticides en Asie 25 octobre 2018 PAN Asie Pacifique (PANAP), partenaire de Justice Pesticides, vient de publier les résultats d’une étude menée dans sept pays asiatiques sur l’impact des pesticides sur la santé humaine et l’environnement. Le lancement du rapport a coïncidé avec la commémoration de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, le 17 octobre. L’étude « Des droits et des poisons : Responsabilité de l’industrie agrochimique » (Of Rights and Poisons: Accountability of the Agrochemical Industry, disponible en anglais seulement) a révélé que des pesticides extrêmement dangereux restent largement utilisés dans les pays étudiés, dont le Bangladesh, l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, le Pakistan, les Philippines et le Vietnam. Elle montre que les populations rurales pauvres sont les plus vulnérables aux intoxications aux pesticides et que l’utilisation accrue de produits agrochimiques aggrave leur pauvreté. « Sept personnes interrogées sur dix ont déclaré avoir subi des effets néfastes en raison de leur exposition aux pesticides, » déclare Mme Sarojeni Rengam, directrice exécutive du PANAP et membre du conseil d’administration de Justice Pesticides, l’une des auteurs du rapport. « Les problèmes de santé couramment signalés comprennent des problèmes respiratoires, cutanés, cardiovasculaires, gastro-intestinaux, YONG (yeux, oreilles, nez, gorge) et neurologiques. » Ce rapport de PAN Asie Pacifique et ses partenaires a établi que les sociétés agrochimiques transnationales, leurs filiales ainsi que les fabricants et distributeurs locaux de pesticides produisent et distribuent des pesticides extrêmement dangereux qui ont des effets aigus et chroniques sur la santé, notamment des enfants et des autres personnes vulnérables. Ces pesticides sont également connus pour causer des dommages environnementaux et la perte de biodiversité. « Il est clair que les compagnies agrochimiques sont responsables de violations des droits de l’homme à la vie et à la santé, à l’accès à l’information, à un environnement de travail sûr et à des moyens de subsistance. Elles violent les droits des enfants, les droits des femmes et les droits des peuples autochtones. Tout cela au nom du profit », déclare Mme Rengam. « Les pesticides constituent un grave problème de droits de l’homme, qui n’est pas suffisamment traité aux niveaux national, régional ou international. Ce rapport montre que les accords et traités internationaux ne fonctionnent pas. Les programmes de gouvernance de l’industrie sont une imposture », déclare Mme Meriel Watts, conseillère scientifique et politique de PANAP. La Dr Watts note que la pauvreté est souvent caractérisée par la malnutrition, qui peut aggraver les effets des pesticides. « L’empoisonnement par les pesticides aggrave le cycle de la pauvreté et de la mauvaise santé, et les personnes souffrant de malnutrition deviennent moins aptes à se procurer de la nourriture », souligne-t-elle. Dans la mesure où les agriculteurs recourent à des pesticides plus toxiques, à des pulvérisations accrues ou à des cocktails dangereux, ce ne sont pas seulement les effets sur la santé qui s’aggravent. Nombre d’entre eux s’endettent et sombrent dans la pauvreté pour faire face à l’utilisation croissante de produits chimiques coûteux et à la perte de récoltes. PANAP renouvelle son appel à la communauté internationale pour négocier un traité mondial juridiquement contraignant qui élimine progressivement les pesticides les plus dangereux et les remplace par des pratiques agroécologiques. Un tel traité devrait ouvrir la voie au démantèlement du pouvoir des multinationales sur les Nations Unies (ONU), les gouvernements et les agriculteurs. « Selon ce traité, l’industrie sera tenue responsable des impacts humains et environnementaux de ses pesticides et conteneurs. Il mettra également un terme à la politique du deux poids, deux mesures des pays qui interdisent les pesticides, mais qui continuent de les fabriquer pour l’exportation », ajoute Mme Rengam. PANAP demande aux individus et aux groupes de se joindre à l’appel mondial en faveur d’un tel traité en signant la pétition « contre la cupidité des entreprises ! Droits de l’homme maintenant ! » (en anglais). Même si la pauvreté a de nombreuses dimensions, s’attaquer aux effets graves des pesticides sur le bien-être physique et économique de la population pourrait grandement contribuer à éradiquer la pauvreté dans le monde, qui touche surtout les zones rurales », affirme la responsable de PANAP. Pour sa part, Mme Watts exhorte tous les pays de la région à éliminer rapidement les pesticides très dangereux et à aider les agriculteurs à se convertir à l’agroécologie, dans l’intérêt des agriculteurs et des travailleurs ruraux, de leurs enfants, des générations futures, de l’environnement et de la société dans son ensemble, y compris de l’économie des pays, et à contribuer à réduire la faim et la pauvreté des populations rurales pauvres. Les résultats de l’étude ont été générés par le biais du CPAM (Community Pesticide Action Monitoring) du PANAP, ainsi que par des missions d’enquête. Le CPAM est une approche de recherche-action participative visant à documenter les effets des pesticides sur la santé humaine et l’environnement et à sensibiliser la population à ces effets. Elle fait participer les membres de la communauté pour réaliser la recherche et encourage l’organisation et l’action. Telechargez le rapport (en anglais).